Chaque année à Strasbourg, l’équivalent de dix fois la population résidante est accueillie, presque un million de nuitées sont réservées via des plateformes numériques comme Airbnb ou Booking, 1 500 escales de croisières sont enregistrées. Ces chiffres sont en augmentation. Le tourisme est devenu à Strasbourg un phénomène massif, omniprésent, et qui transforme profondément la ville.
Cette réalité met en lumière une grande contradiction. D’un côté, le tourisme est une source de richesse : il nourrit l’économie locale, dynamise les échanges interculturels et contribue au rayonnement de Strasbourg. Mais de l’autre, il est vecteur de nuisances et d’injustices : saturation des logements, perturbation de la vie de quartier, transformation des commerces au détriment des habitant·es, et un impact écologique inquiétant lié aux émissions de gaz à effet de serre, à la surconsommation de ressources et à la pression sur les infrastructures. Il incarne surtout un tourisme profondément capitaliste, où la concurrence entre les villes, la recherche du profit maximal par les plateformes numériques et les grands opérateurs l’emporte sur l’intérêt collectif et la qualité de vie des citoyen·nes.
Face à cette situation, réguler à la marge ne suffit plus. Strasbourg doit planifier sa politique touristique pour réorienter le tourisme vers un modèle responsable qui ne se déploie pas au détriment des habitant-es. Notre planification touristique s'appuiera sur trois leviers structurants : un cadrage strict des plateformes type Airbnb pour limiter la spéculation immobilière, une gestion active des flux touristiques, et une évolution ambitieuse du marché de Noël.